lundi 29 octobre 2007

Madame K.

Ah! L'immense désillusion de la stagiaire qui croit en ce qu'elle fait et qui est la seule...

Evocation d’un stage professionnel… Pendant mes études de psychologie, je m’inscris en 4ème année en maîtrise de psychopathologie. Je dois suivre un stage sur l’année que je trouve dans un centre de santé mentale. Je m’y rends un jour par semaine et décide entre-temps d’interrompre mes études. Je poursuis ce stage puisque je m’y suis engagée… Je participe notamment à un « atelier marionnette » co-animé par une psychologue et une infirmière psychiatrique. Je profite de mes journées d’observation pour écouter, entre autre, les échanges informels entre patients sur ce fameux atelier. Je constate qu’une participante, Mme K., passe beaucoup de temps à tenter de mobiliser les autres contre cet atelier et qu’elle réussit peu à peu à les convaincre qu’il s’agit de les manipuler et qu’ils doivent se méfier. Un jour de débriefing avec les deux animatrices, j’accepte de prendre la parole, chose difficile pour la personne inhibée que j’étais alors. Je décide de les informer de mes observations puisque, après tout, mon rôle de stagiaire me permet de leur transmettre ce genre d’informations. Petite phrase du type, « Je crois que Mme K… ». Aucune réaction. Aucune participation à un quelconque bilan pendant trois semaines avec ces deux personnes.
Et puis un jour, je me trouve présente lors de la grosse réunion mensuelle de bilan en présence de tout le monde dont le psychiatre responsable du service. Réunion très impressionnante pour moi qui espère juste que l’on ne me demandera pas de prendre la parole. Arrive alors l’étude du cas de la fameuse Mme K. Les deux animatrices prennent la parole… « Nous sommes en difficulté avec Mme K. … Nous nous rendons compte qu’elle essaie de manipuler les participants contre l’atelier. » Et moi de me dire « Ouais, je sais, j’ai essayé de vous avertir…. » Et elles de poursuivre « Nous avons pensé pendant un temps que les difficultés étaient liées à Melle Granger (moi, donc) , qu’elle manipulait les patients contre le travail que nous faisons dans l’atelier (…) Nous nous sommes rendus compte depuis que nous nous trompions… ».
Les émotions que j’ai ressenties alors sont inoubliables, un état de stupeur suivi immédiatement de colère et d’une envie de me cacher dans un petit trou. Pour une fois que j’avais pris la parole. Ce jour-là, la réunion se passa comme si j’étais absente. On continua d’aborder le cas de Mme K. sans jamais me donner cette parole. Il m’a manqué la confiance pour souligner l’énormité de la situation et les informer qu’ils devaient arrêter de prendre des stagiaires. J’ai continué mon stage jusqu’à la fin de l’année, puisque je m’y étais engagée.

Loritza Granger

Galvaniser l'esprit

Qui n'a jamais goûter les joies de l'acide ne sait rien du monde de l'usine...

Intérimaire pendant mes études, je décroche un été une mission comme manœuvre dans une usine de galvanisation de métaux. Le manœuvre intérim découvre très vite qu’il ne connaît pas grand chose, c’est même ça qui lui attribue sa fonction d’ouvrier non spécialisé, autrement et diversement nommé « bon à tout faire », « va chercher », « jeune ». L’usine en question se trouvait dans la zone industrielle de Pessac. Si elle existe encore, je n’en sais foutrement rien. C’était un hangar qui abritait l’enfilade d’une dizaine de bassins d’acide. Au-dessus, un palonnier qui acheminait (donc) un palan. Ce palan partait de l’entrée de l’usine où j’officiais avec quelques collègues inqualifiés comme moi. Notre travail consistait à accrocher sur le palan diverses pièces métalliques allant de l’écrou au portail en passant par la barrière de sécurité. Une fois chargé, le palan élevait son chargement dans les airs et venait le mettre à tremper successivement dans les bains d’acide afin d’obtenir sa galvanisation (c’est à dire un revêtement antirouille à l’usage des siècles). Ce qui m’apparaît clairement à l’instant où le palan nous quitte et qu’il nous revient, c’est que je n’ai rien à faire pendant le quart d’heure que dure son voyage de bassin en bassin. Une récréation que j’apprécie d’abord grandement. Je suis un grand bouquineur et je trimballe toujours un livre dans ma poche. Un quart d’heure toutes les vingt minutes (c’est le temps que nous mettons à accrocher les ustensiles), c’est plus qu’il ne m’en faut pour lire et fumer une cigarette. Alors que mes camarades se contentent d’un jet de nicotines, je prends donc mes quartiers sous l’ombre d’un chêne et suis sur mes pieds dès que le palan est de retour. A mon troisième quart, alors que j’admire l’élévation du palan sur lequel nous avons attaché un portique d’un bon quintal, une goutte échappée des hauteurs me tombe dans l’œil. Bordel ! De l’acide ! Dans la panique, mon cerveau reptilien me rappelle que j’ai vu à ma première pause pipi que les lavabos disposaient de bains oculaires. Je lâche donc mes collègues et je cours aux chiottes, la main en bandeau. Las ! Le distributeur de sérum physiologique est vide. Je me rince abondamment l’œil sous 10 000 litres d’eau et je m’en sors avec des picotements qui vont digressant. De retour sous le palan, je choppe le contremaître pour me fendre d’une doléance. C’est quoi ce bordel ?! Le contremaître se marre et me renvoie aux occupations pour lesquelles sa société me rétribue. Je cause à mes camarades de ma scandaleuse expérience qui ne leur évoque qu’une silencieuse révolte et je reprends ma place dans l’accrochage des pièces sur le palan puis dans les lecture que m’impose les pauses. A midi, le contremaître me coince : « Dis donc, jeune ! On a pas l’impression que tu prends beaucoup de plaisir à bosser. Alors tu montes au bureau, on va te faire ta feuille ! ». Faire ta feuille, en langage intérim, ça veut dire, « T’es viré ! ».

Sébastien Gendron

vendredi 26 octobre 2007

Le prix de la baguette

Quand, malgré les statistiques, l'alcool devient un sérieux handicap pour la société qui vous emploi...

Petit conseil pratique... Éviter de boire quand on bosse tôt le lendemain! Mais bon à l'époque j'étais encore au lycée et c'étaient les grandes vacances et puis M***E on était samedi soir!

Bon toujours ce super job de caissière en T-shirt à pois, et ce qu'il y a de sympa l'été, c'est que les hypermarchés en bord de côte sont ouverts le dimanche jusqu'à 13h! Comme le dimanche il n'y a personne avant la sortie de la messe, il fallait bien nous occuper. Je me suis donc retrouvée à ranger les étalages de bouteilles de Ricard à 8h00 du mat avec à peine 2h de sommeil et de vieilles remontés de ce que j'avais ingurgité la nuit précédente... Abandonnée par mon binôme qui cuvait derrière des cartons...
Et des clients tellement sympa qui nous disaient "Mes pauvres, on vous fait travailler le dimanche!"
Le tout payé au tarif normal... J'ai quand même eu 1 baguette gratuite sur mes 2 mois de taf! Héhé...

Pauline Goasmat

Multicartes

Attention! L'abus de métiers pourris peut sérieusement nuire à votre santé mentale...

Je crois que s'il y avait un Shit Job Awards, je serai multi-détenteur de petites statues...
Deux ou trois exemples :

- homme sandwich distributeur de prospectus dans une banlieue résidentielle : 5000 flyers à distribuer, à peu près 20 personnes croisées par jour (sans compter les chiens de garde qui adorent les sandwichs !)

- testeur de médicaments dangeureux : protocole arrêté en plein milieu, un des cobayes (mon pote) ayant fait un arrêt cardiaque (il est toujours vivant et en pleine santé, thanks god)

- mise en place de fruits et légumes au Monoprix entre 6:00 et 7:30 tous les matins. Pas long, mais terrible : les manut' de 60 ans déjà bourrés au pastis, le petit chef à cravate à pois sur veste jaune, les vieilles femmes de ménage endormies, saturation d'odeurs et de couleurs à jeun... une anecdote rigolote : pour apporter une touche de gaieté, je décide un matin de décorer le banc des tomates avec une couronne mortuaire artistiquement composée de persil et concombres. Vu la forme du banc en question, ça ressemble assez à un cercueil de mafieux. M'attendant à me faire virer, je reste passivement à côté de mon oeuvre. Le chefton passe, s'arrête, l'air vaguement troublé, regarde attentivement le truc, et me dit : "Faudrait mettre moins de persil, on voit pas bien les tomates là". Une vocation d'artiste tuée dans l'oeuf par ce butor qui n'avait rien perçu de l'ironie subtile de la chose...

- téléopérateur : tout a déjà été dit sur le sujet, mais j'ai à mon palmarès une belle réussite: m'être fait virer pour n'avoir pas réprimandé un des mecs de l'équipe (j'étais chef de groupe, ha ha) qui arrivait tous les jours avec 1mn 12 de retard ce qui, vous en conviendrez, impacte gravement l'EBITDA de l'entreprise ! Ah, et aussi : un blame pour être parti en plein milieu du job retrouver une petite blonde qui m'avait gentiment allumé à la pause... je regrette rien !

- vendeur d'espace publicitaire sur les emballage de baguettes de pain (on appelait ça les Baguette's Bag !), pour le compte d'un hurluberlu qui avait une boîte, International Négoce et Courtage (2 personnes dont lui). Selon lui, le secteur de la publicité serait sauvé par les emballages de baguettes, il n'y avait qu'à en convaincre ces imbéciles de boulanger car les annonceurs se bousculaient déjà pour réserver les emplacements premium. Trois mois de porte à porte plus tard ("BOnjour, savez-vous que la loi vous oblige à emballer vos baguettes ? non ? laissez-moi vous expliquer comment faire pour que ça ne vous coûte rien du tout !"), 2 boulangeries convaincues, fin de l'aventure.

- démolisseur : pour la réfection d'une boutique, démonter des cloisons A LA MAIN, sans masse, sans pioche, sans rien. La tactique : trouver un bout de bois, l'utiliser comme bélier pour le premier trou. Une fois le premier trou fait, c'est du kick boxing et des coups d'épaules....

Laurent Ponce

jeudi 25 octobre 2007

Plonge!

Se fader un job d'été bien crade n'est rien si votre patron ne tente pas, en plus, de vous arnaquer...

Alors voilà:
C'est l'été à biscarosse, je suis embauché pour la saison dans un bar restaurant comme plongeur. 10h-2h du mat, pas de repas compris ni midi, ni soir, ni de temps pour le prendre, sauf une pause l'après midi. Le patron est une buse au look de surfeur sauf qu'il fait du jet -ski. Il travaille avec sa mère qui a fait venir un handicapé dont elle "s'occupe" pour bosser sur ses vacances. La bête de somme... Le salaire au black, mais moins payé qu'un officiel.
Le ponpon c'était le licenciement du jour au lendemain parce que le resto marchait pas à fond. Alors c'est mon beau-père, gendarme, qui y est allé en tenue pour récupérer la fin du mois, c'était pathétique de voir le blondinet surfiste retirer ses chers billets de dessous le tiroir en plastique noir de la caisse.
Le problème ce n'est pas d'avoir un employeur, ce n'est pas qu'un patron fasse de l'argent avec le travail d'un autre, le problème c'est qu'un paquet de gens médiocres, inéduqués et injustes, confondent le pognon avec leurs testicules, ou leur absence de couilles, comme on veux.

Michaël Brun

jeudi 18 octobre 2007

Coupez!

Comment on les tourne les cascades au cinéma?
Souvent comme ça...


En 1999, je suis second assistant à la mise en scène sur le tournage du pilote d’une série policière. Le tournage se passe dans la Drôme au mois de février et, comme souvent lorsqu’il s’agit de télévision, le budget n’est pas au rendez-vous alors que le scénario recèle quelques cascades et une explosion de voiture. En général, les deux sont incompatibles, ce qui n’empêche pas les productions de rester rigides sur la bourse qu’elles ont entre les mains. La plupart des accidents sont dû à ça dans tous les métiers. Dans ceux de l’image, même sur des gros tournages, on grappille sur tout et arrivent des drames qui une fois analysés laissent songeur quant au temps laissé aux personnels pour organiser correctement de telles scènes. Seulement, le temps, c’est de l’argent. Même lorsqu’un cadreur y laisse la vie et qu’on condamne le cascadeur plutôt que le producteur, comme on a pu le voir avec la catastrophe de Taxi 3.
Sur notre tournage, il n’y a rien eu d’aussi éloquent, mais on n’est pas passé loin. La veille du jour où nous devons tourner l’explosion de la voiture, nous passons sur le décor avec le réalisateur. C’est un corps de ferme en face duquel la décoration a construit la façade d’une grange. Tout de suite, il s’avère que cette construction a été faite trop près du mur de la ferme. La voiture devant exploser entre les deux bâtiments, il y a des risques matériels importants. S’en suit une discussion animée. La directrice de production dit ne pas avoir les moyens financiers de faire reconstruire la grange à la bonne distance ; pour mon supérieur, le premier assistant, en terme de plan de travail, ce n’est pas infaisable : il suffirait de décaler cette journée sur une autre ce qui laisserait le temps de refaire le décor. Impossible, rétorque la directrice de prod, les contrats des comédiens sont déjà signés sur des dates fermes, certains pourraient en profiter pour réclamer leur dû et un supplément. On se tourne alors vers les artificiers conviés eux aussi au repérage. Comme souvent, ces individus tentent de nous rassurer en nous disant qu’il modifieront la charge placée dans la voiture pour ne pas qu’elle explose plus que nécessaire. Et nous en restons-là.
Nous tournons cette scène la nuit suivante. Trois caméras sont utilisées pour cet unique plan. L’une filmera en plan large à une distance de vingt mètres dans le dos de la voiture. L’autre, en plan moyen, à huit mètres du véhicule, la filmera de profil. La troisième sera positionnée de face, à dix mètres. Nous installons les caméras et je suis appelé par le cadreur de la seconde pour lui donner un coup de main au moment du tournage. Notre caméra, celle qui filmera le profil, est la plus proche de la voiture. Et nous ne pouvons pas reculer puisque nous sommes déjà appuyé à une partie basse du mur de la ferme. Le cadreur l’installe sur un petit trépied bas et nous nous asseyons de part et d’autres de l’appareil. On nous équipe avec des casques antibruit, le moteur est lancé, les artificiers déclenchent la charge, la voiture pête, je sens un grand vent chaud dans mon visage. On coupe, tout le monde applaudit. Nous passons le reste de la nuit à tourner autour de la voiture qui se consume.
Quelques jours plus tard, nous recevons les images de l’explosion. Réuni autour du téléviseur, nous regardons les rushes de la seconde caméra (la notre, donc). C’est le cadreur avec qui je travaillais ce soir-là qui s’occupe du magnétoscope. Tout le monde se félicite de ce premier plan sensationnel, mais le cadreur me regarde d’un air bizarre. Un détail semble clocher. Aussitôt, il fait rouler la bande pour voir les images de la troisième caméra, celle qui se trouvait face à la voiture. Et tout le temps où la bande défile, il me regarde. Lorsqu’on découvre le plan tourné, personne ne se rend compte de rien sauf le cadreur qui me dit « Tu vois rien ? ». Non, je ne vois rien. Alors il passe les rushes image par image. La voiture explose très lentement et ce que je vois me fait trembler les genoux : le capot de la portière qui se trouvait face à nous, soufflé par l’explosion, se détache et part à l’horizontale à une vitesse hallucinante à la droite du cadre, soit dans notre direction. Coup de chance, il prend suffisamment le vent pour s’élever un peu. Lorsqu’il quitte le champ, nous déterminons qu’il vol à peu près à un mètre quatre-vingt du sol, à la hauteur d’un homme debout. Et ce soir là, nous étions assis autour de la caméra. Et pour mieux nous convaincre de notre chance, il suffit de revoir image par image ce que notre caméra a tourné. Le capot de la portière se détache très lentement à l’horizontale dans notre direction et, masse noire à peine visible, passe juste au-dessus de nos têtes. Avec une caméra plus haute nécessitant deux opérateurs travaillant debout, nous étions l’un comme l’autre décapités.

Sébastien Gendron

Le magnifique (opus1)

Ah! La grandeur décadente du produit télévisuel ne serait rien sans l'inébranlable foi de certains comédiens en son système...

J’aurais sans doute bien d’autres occasions d’en parler, mais notre beau métier de l’image est lui aussi pourvoyeur d’aberrations. Du simple fait de notre situation d’intermittents du spectacle, dans bon nombres de cas, nous ne pouvons qu’accepter certaines conditions sans bouger l’oreille tant la crainte de l’expulsion est grande. Et au-delà d’elle, la possibilité d’être black-listé par une boîte de production. J’ai donc, plus qu’à mon tour, avalé des couleuvres et si je m’exprime aujourd’hui ici sans citer, comme je le fais pour d’autres cas, les noms de certaines personnes et de certaines sociétés, c’est dans le désir un rien paranoïaque de ne pas irriter certains employeurs potentiels. La grande famille peut s’avérer très rancunière.
Il y a quelques années, alors que j’étais encore second assistant mise en scène, j’ai travaillé sur une série très connue en son temps. Alors que nous en étions à la préparation du film, on nous a informé que le rôle titre devait impérativement travailler 17 jours sur la totalité des 21 qu’allait compter le tournage. Le métier d’assistant consiste entre autres à mettre en place ce qu’on appelle le plan de travail. Ce document n’est rien d’autre que l’agenda de tournage du film qui combine les présences des comédiens, les décors du film et les séquences du scénario avec le nombre de jours de tournage qui, en télé, est une donnée budgétairement imposée par la production. Au moment où nous achevons la première version de ce plan de travail, nous nous rendons compte que l’acteur principal, au vu du nombre de séquences dans lesquelles il apparaît, n’est présent que sur 14 jours. Nous présentons cette ébauche à la directrice de production qui aussitôt mentionne le problème et nous demande d’y palier. En général, on nous demande plutôt de faire des économies sur les cachets des comédiens, mais là, cet acteur étant au forfait, il s’agit de le rentabiliser. Le souci, c’est qu’en le rentabilisant, donc en étalant sa présence sur trois jours supplémentaires, par vase communicant, nous risquons de faire augmenter les cachets des personnages qui l’accompagnent dans cet étalement (le personnage principale, en cette qualité, n’apparaît jamais seul dans les scènes, il est toujours accompagné d’un autre rôle pour lui donner la réplique). Bref, par un périlleux travail d’échiquier, nous arrivons à limiter les risques et le nombre de cachets supplémentaires et lorsque le tournage débute, l’acteur principal retrouve ses 17 cachets réglementaires. Certes les trois derniers jours, il ne viendra que pour une ou deux séquences, grand maximum, mais on en n’est pas encore là.
Mais on y arrive. La cinquième semaine est là, et à la fin du quinzième jour de tournage, l’acteur me chope à la sortie du plateau. « Dis donc, j’avais pas grand-chose à faire aujourd’hui, comment ça se fait ? » Visiblement, il n’est pas au courant de ses propres obligations contractuelles, et vu le poste que j’occupe, ce n’est pas à moi de le lui dire. Je contourne l’obstacle en prétextant qu’il reste encore pas mal de séquences à faire sans lui et que dans ce décor-ci, il n’apparaît pas beaucoup. Et oui, ce que cache mal cette situation de 17 jours sur 21, c’est qu’en étalant les dates de ce comédien, nous tassons sur les derniers jours, les séquences dans lesquelles il n’est pas. Donc, la cadence de travail pour l’équipe et les autres comédiens en est accrue. Déjà, 21 jours de tournage pour 90 minutes de programme, ce n’est pas la panacée. Au soir du seizième jour, à nouveau, accrochage : « Là, j’avais carrément qu’une séquence, Sébastien. Comment t’explique ça ? » Je n’explique pas, mais je n’ai pas non plus beaucoup de marge de manœuvre. J’appelle mon supérieur à la rescousse et comme je l’ai fait la veille, le premier assistant monte un bateau. Est-ce vraiment à nous d’avoir à justifier les desiderata de la production ? Certainement pas. Je m’en ouvre donc à la directrice de production avec qui j’ai de fréquentes disputes. Mais, elle me fait comprendre que ce n’est pas dans ses compétences. Au dix-septième jour, qui est donc le dernier du rôle-titre, je suis carrément convoqué dans sa caravane. J’y convis le premier assistant. Mais ce soir-là, je suis passablement énervé, je me suis immensément disputé avec la directrice de production et je ne suis pas en état de faire des courbettes. « Bon, les gars, va falloir être clair parce que là, je comprends plus. C’était quoi cette journée ? J’avais trois répliques ! ». Alors, accompagné par le premier assistant, nous lâchons le morceau. Nous lui expliquons l’étalement des 14 dates initiales sur 17 pour répondre aux exigences et j’espère qu’il va porter le pet. Et bien il le fera. Sitôt son retour à Paris. Et il aura gain de cause. A partir de ce moment-là, les jours de présence du comédien sur les prochains tournage de cette série seront de 14 jours. Et par retombée et soucis d’économie, les tournages eux-mêmes seront réduits à 19 jours. Mais l’acteur s’en fout, son cachet forfaitaire lui ne bougera pas. Nous aussi, nous nous en foutons : avec le bordel qu’on a causé, on est sûr de ne plus bosser sur cette connerie abêtissante destinée à l’édification des masses.

Sébastien Gendron

En danseuse...

Certains déplorent le sponsoring. On se demande bien pourquoi...

Mon premier job: caissière chez Champion... Ce qu'il y a de bien en Juillet, c'est le tour de France et n'oublions pas que cette enseigne est partenaire... Donc je me suis retrouvée en caisse avec un horrible T-shirt à gros pois rouge... Et toute la journée:
"Alors! T-shirt de la meilleure grimpeuse?? Arf! Arf! Arf!"

Pauline

Tampon

La prochaine fois qu'on vous téléphone pour un sondage, prenez trois secondes avant de raccrocher...

Vous connaissez cette charmante jeune fille qui vous appelle chez vous et vous demande 10 min de votre vie pour vous tenir la grappe 1h! Et bah oui c'était moi...

Petit mot pour vous présenter mon client le + sympa...
"Oui bonjour, Pauline de la société X... Je souhaiterai parler à Mr Delanoé..." voix sensuelle (faut que ça marche!)
"DELANOIX!!! Je suis pas ce gros PD de la mairie de Paris"
Arf un gros con... Bah il va me raccrocher au nez! Eh bah non, j'ai passé une heure à supporter ces blagues salaces au téléphone... Charmant....

Mais mon enquête la + sympa a été d'appeler des jeunes filles entre 11 et 16 ans pour leurs poser des questions sur les tampons! À 16 ans elles s'y connaissent, mais à 11 c'est un peu flippant... J'avais parfois l'impression d'être un affreux bonhomme en impair qui se ballade dans les buissons...
Eurk!

Pauline

mardi 16 octobre 2007

Portenaouak!

Si vous cherchez à vivre une grande expérience humaine dans un câdre correctement humiliant, n'hésitez pas: faites don de votre cerveau à l'intérim...

Un été, je fais des missions pour une boite d’interim à Bordeaux. Une société de travaux hydrauliques, la SADE, me prend pour faire le manœuvre sur un chantier. De nouvelles canalisations doivent être posées dans deux rues du vieux Bordeaux, on me refile donc un marteau piqueur et roule ! Je commence à défoncer le bitume du trottoir sous le regard d’un chef de chantier particulièrement retord. Je n’ai jamais fais ça, on n’a pas pris le temps de m’expliquer alors je fais comme mes collègues. Ca fait trois heures que je saute en rythme avec l’engin et que je déblaye ma casse, quand un ingénieur se pointe avec un plan du cadastre. Il s’approche de moi : « Fais gaffe quand même, on vient de se rendre compte qu’il y a une vieille ligne à haute tension là-dessous qui date de la guerre ! ». Je pose le marteau piqueur et j’enlève mon casque. Le chef de chantier se pointe : « Qu’est-ce que tu fais ? » Je lui parle de la ligne à haute tension et de mon intention de mourir à 80 ans passé, dans mon lit ou face à l’océan. Le type m’engueule, mais je demande à être affecté ailleurs. Il me colle entre les pattes d’un maçon portugais, à préparer la gâchée. Je demande au maçon de m’expliquer comment on prépare une gâchée mais le chef de chantier s’en mêle. Pas d’accord avec les doses que préconise le Portugais. Celui-ci à beau arguer que ça fait 40 ans qu’il fait ce métier et que les doses du chef sont trop importantes en ciment, l’autre ne lâche pas l’affaire. OK ! Je prépare la recette du chef et dans la matinée, le maçon et moi nous étalons cette gâchée sur la totalité d’une rue. A la pause de midi, assis sur mon casque, j’avale mon sandwich et ma bière en bouquinant. Le chef de chantier se plante devant moi : « T’assois pas sur ton casque, tu vas donner une mauvaise image de l’entreprise ! ».
A la reprise, c’est la panique : le trottoir que nous avons gâché est… blanc de ciment séché. Le Portugais se retourne vers le chef de chantier : « Je vous avez prévenu ». Le Chef est blême et cherche une solution. Qu’il trouve. Il me file une spatule et me demande gratter. Le maçon hausse les épaules, le chef s’en va, je gratte. En quatre heures, j’avance de trois mètres. A ce rythme, j’en ai pour la semaine.
Le lendemain, le chef est en train de s’entretenir avec le maçon. Un type de la DDE doit passer en fin de journée pour voir l’avancée de travaux. S’il tombe sur cette rue, c’est la catastrophe. Il faut trouver une solution plus rapide. Tiens, par exemple : l’acide chlorhydrique, en voilà une de solution. Ce type est dingue. Il m’envoie acheter des bidons dans une quincaillerie voisine et je passe la journée avec un autre intérimaire à badigeonner le trottoir d’acide. Plein soleil, un pauvre masque devant la bouche et en dessous, la nappe phréatique qui ramasse. Mais force est de constater que ça marche. A la fin de la journée, le trottoir est redevenu rose.
Ce type va encore me pourrir la vie pendant huit jours de diverses manières. Sa dernière tentative aura lieu au-dessus d’un trou au fond duquel il faut poser un regard d’égout. Ce trou, qui fait 90 par 90 pour deux mètres de profondeur n’est évidemment pas étayé. Eu égard à la petite formation que m’a donnée l’ingénieur de la sécurité avant que je n’arrive sur ce chantier, je refuse catégoriquement d’aller me faire ensevelir dans ce trou. D’autant que nous sommes juste à coté d’une des artères principales de Bordeaux, à quelques mètres seulement du passage de voitures, des bus et des camions. Le chef de chantier s’époumone pour me faire descendre alors que je brandis la carte de la sécurité. Il n’aura pas gain de cause. Mais trouvera un autre intérimaire moins scrupuleux quant à son avenir pour s’y coller.

Sébastien Gendron

lundi 15 octobre 2007

Allô, bonsoir!

Vous vous mariez? Attendez que le téléphone sonne,
vous allez rire...


La société de crédits Cofinoga embauche en CDD des gens pour des missions de phoning. Pistonné par une ex-tante, j’obtiens quinze jours de travail dans les sous-sols réservés à ce corps d’élite, dans une zone commerciale de Mérignac (33). Nous sommes aux alentours de Pâques et le mois de juin se profilant, la Cofinoga s’est procurée, via les indiscrétions de la publication publiques des bans, les listes de tous les mariages qui auront lieux en Région Parisienne au cour de l’été. On nous confie donc des kilomètres de coordonnées où sont mentionnés les noms, prénoms, adresses et numéros de téléphones des futurs mariés. Charge à nous de les appeler et de leur vendre les listes de mariages des Galeries Lafayette, avec à la clé un cadeau bonus. L’heure du coup d’envoi est à 19H30, qui est, selon des calculs savants le moment M où les Parisiens arrivent chez eux le soir. Le principe est de passer le moins de temps possible au téléphone pour arroser le maximum de personne, d’envoyer le plus d’informations et surtout, surtout, de demander à parler exclusivement à Madame, la femme étant certainement, toujours selon des calculs savants, plus réceptives à l’offre alléchante que Cofinoga propose.
Je suis un garçon appliqué et dur à la tâche. Comme bon nombre de mes contemporains, je mets mon mouchoir sur mes convictions et j’exécute. Dès ce premier soir, en dehors des raccrochages intempestifs, des mères débordées par leurs enfants et des maris à l’inquiétude paranoïaque de se voir ainsi découvert en plein préparatifs, j’ai eu le loisir d’entendre cette femme qui, m’ayant laissé débiter mon article sans m’interrompre, a pris le temps d’avaler sa salive avant de m’informer que le mariage n’aurait pas lieu parce que son fiancé venait de mourir dans un accident de la circulation. Quelques-uns m’ont aussi conté le départ inopiné de la promise avec un ami de la famille ou un collègue de travail. Au cour des quinze jours qui ont suivi, cette triste litanie s’est tranquillement poursuivie, sans grandes variantes. A tel point que j’ai fini par me demander s’il n’y avait pas là-dessous une sorte d’association obscure de gens se communiquant des séries de prétextes chocs capables d’endiguer le flots des agressions promotionnelles téléphoniques. A ceux-là, je tire ma révérence. J’encourage les autres à faire de même.

Sébastien Gendron

Livraison à d'homicide

Quand la livraison de pizzas devient un sport de l'extrême trop rarement vanté...

A Bordeaux, étudiant, je prends un boulot de livreur de pizzas. Période d’essai : un mois. Le jour de l’embauche, l’associé du patron m’inflige une formation express où il est principalement question d’hygiène et de sécurité. Vient le moment où je dois faire connaissance avec les mobylettes. Là, l’associé me laisse entre les mains d’un livreur expérimenté qui m’entraîne cinq centre mètres plus loin dans un garage où sont parqués une dizaines d’engins rouges à coffres portant l’effigie de la mascotte maison : un coyote. Il en appelle à mon adolescence pour m’indiquer le mode d’utilisation des véhicules et comme j’en essaye un dans la cour du garage, je m’inquiète de l’état général de la flottille. Pneus lisses, sous gonflés, freins quasiment inexistants. J’en viens à évoquer les règles de sécurité dont l’associé m’a rabattue les oreilles un quart d’heure plus tôt, la plus édifiante concernant l’interdiction absolue de courir dans le local de fabrication des pizzas – un exercice à la fois compliqué (l’endroit cumule à peine trente mètres carrés envahis d’un mobilier industriel à angles aiguës) et relativement inévitable (on est à la commission et en concurrence les uns avec les autres). Nous sommes au mois de novembre, la pluie devient quotidienne, la conduite sur de tels engins, de surcroît la nuit, me paraît particulièrement risquée. A cela, mon collègue donne une réponse toute faite : « T’inquiète, de toute façon, en général, le premier mois, tu te viandes au moins une fois ! »
Je ne déroge pas à la règle. Un mois jour pour jour après ma première livraison, il flotte, une voiture me grille une priorité, je presse les freins, en vain et je termine ma course sur le capot du chauffard. J’appelle le patron, lui signale que je suis en carafe, la mob en vrac. Embarrassé, il me demande où je suis et me dit qu’il m’envoie quelqu’un de suite. Dans le dix minutes, un collègue arrive. Je pense qu’il va m’aider à rentrer, d’une manière ou d’une autre : nibe ! Il doit récupérer mes pizzas pour aller les livrer dare-dare avant de prendre les 10 francs de pénalité déduit au client en cas de retard sur la demie heure promise. Et il repart au quart de tour. Je rappelle le patron, un peu irrité. « Elle roule encore la mob ? » me demande-t-il. La fourche est tordue, impossible de redémarrer. « Bon, ben ramène-là ». Normalement, le lendemain j’ai mon entretien avec lui de fin de d’essai. Seulement, prendre un CDD voué à la chaise roulante, j’ai moyennement envie. « Non, on va pas faire comme ça, je lui dis. La mob, je vais l’attacher à un poteau et puis je vais rentrer à pied. »
Le lendemain, en guise d’introduction, le patron me dit : « Bon, tu te doutes de ce que je vais te dire ? ». Je ne doute de rien du tout et j’attends. « Ecoute, Sébastien. Je trouve que tu es consciencieux comme garçon, le problème c’est que tu es un peu trop lent en livraison. Et puis, je sais pas, on a l’impression que t’es pas heureux de faire ce job. T’es pas très souriant, tu manques d’entrain. Alors ça va pas le faire. » Mince alors…

Sébastien Gendron

Cherche ex-drogué

Le porte-à-porte est un grand classique du genre. Il suffit d'y rajouter deux ou trois paramètres spéciaux pour ça devienne extatique...

Dans les années 90, à Bordeaux, comme bon nombre d’étudiants, j’épluche les petites annonces. A force de rencontrer systématiquement la mention « cherche vendeur », je finis par répondre à l’une d’entre elles. Au téléphone, on me dit qu’il faut que je me présente le samedi suivant au bureau, à 7H00. Dont acte. Nous sommes une petite douzaine, mal réveillés, on nous fait asseoir et écouter pendant une demi-heure le boniment d’un chef d’équipe. Ce type nous parle d’un produit qu’il ne nomme pas et ne montre pas. Il nous donne les clés pour le vendre : authenticité, qualité, solidarité. Puis il nous annonce que ce produit, fabriqué de manière artisanale, doit être vendu au prix unique de 60 francs, soit 40 francs pour la société, 20 pour nous, ce qui constitue notre salaire. Là, un assistant fait paraître des cartons d’où il extrait… des brioches sous emballage plastique. Le voilà, le produit que nous allons vendre. Et ce, dès aujourd’hui. On nous embarque alors à six dans des camionnettes et nous partons sans la moindre information ni du lieu de vente, ni de la durée de la journée. En route, un type qui est monté devant, vendeur chevronné, nous fait l’article : ça fait six mois qu’il fait ça et il a gagné beaucoup d’argent. Il y a deux argumentaires qui marchent très bien. Le premier, vous êtes un ex-taulard tout juste élargie et vous devez vous réinsérer dans la société. Moi, avec mes cheveux longs, on m’attribue le second : je serais un ancien drogué qui sort de détox et j’ai besoin qu’on m’aide. Le type nous écrit ces petits laïus qu’il nous est demandé d’apprendre par cœur. Je suis en pleine répétition quand, le chauffeur s’arrête dans une station service : « il va falloir se cotiser pour le plein ! » nous annonce-t-il. Je déglutis et demande où nous allons. Aire-sur-l’Adour. Soit à 150 bornes. Deux heures plus tard, nous sommes parachutés dans un village des Landes. On passe nous récupérer à 13 heures. Mais je dois faire quoi exactement avec mon laïus ? Ben du porte-à-porte, tiens ! On bourre mon sac à dos de brioches et je me retrouve devant mon premier portail. Mon premier client est une femme qui m’écoute débiter mon passé fictif patiemment. Je tente de reculer le moment où je vais lui annoncer le prix de ce machin que je lui présente comme authentiquement artisanal. Combien ? Euh… 60 francs. La porte se referme, j’ai toujours ma brioche dans la main. Plus loin, je vois un collègue qui lève un pouce. A ma troisième tentative, un papy me prend deux brioches d’un coup après m’avoir fait cracher que j’étais pas plus drogué que lui. A 13 heures, le camion me récupère et on file sur Aire.
Là, ma première cliente a du temps pour écouter ma complainte. Elle est au chômage. Comme bon nombre de ses voisins : une usine vient de fermer, 800 personnes sur le carreau. Elle me propose un café, mais est désolée pour mes brioches. Le quartier dans lequel on m’a déposé est sinistré. Je fais choux blancs à toutes les portes, même pas le temps d’annoncer la couleur. Ah ! Si l’usine n’avait pas fermé. C’est quand même pas de bol. Je bois des cafés tout le long de la route, les gens sont affables et, ma pseudo réinsertion sociale dans la poche, c’est moi qui les écoute pleurer sur leur vie.
Je me retrouve à 18H au bout de la ville, assis contre les grilles des ateliers municipaux déserts, le soleil se couche derrière la montagne et je boulotte la moitié de mon repas : une brioche prise sur mon compte. Je me sens observé. Je lève les yeux et découvre, planté dans la treille au-dessus de moi, un crâne de chien que j’ai conservé de longues années dans ma chambre. J’ai gagné 60 francs. Moins la brioche au prix de gros, je remonte dans le camion avec 20 balles en poche. Mes collègues ont visiblement étaient plus requins.

Sébastien Gendron

Rippeur de rien

On est heureux dans les métiers du spectacle? Faut voir...

En temps normal, je suis 1er assistant mise en scène, mais cette année-là, je n’ai pas fait mes 507 heures et je suis prêt à bouffer à tous les râteliers. J’accepte donc un boulot de deux jours comme rippeur (les déménageurs du cinéma) sur le tournage d’une série. Ce n’est pas une partie de plaisir, en deux jours, nous avoisinons les 28 heures de travail, à descendre des éléments de décors d’un deuxième étages aux camions que nous stationnons à la sauvage dans la rue en contrebas. Après quoi, il faut aller rendre ces mobiliers à droite et à gauche dans Paris, puis de revenir à l’appartement pour tout remettre au propre. A la fin du deuxième jour, je passe au bureau rencontrer la directrice de production qui doit me faire signer mon contrat (oui, dans ce milieu souvent très à gauche, les gabegies du genre sont légions : on signe son contrat à la fin du tournage, ce qui nous rend remerciable à volonté). Chez les rippeurs, les heures sup’ sont rarement comptées. Depuis la modification des statuts des intermittents du spectacle, les productions vivent sous la soit disante menace de contrôles. Parmi les restrictions qu’elles imposent désormais à leurs employés figurent les journées de 10 heures. Complaisamment données avant (quand on sait que dans nos métiers ces dix heures sont faites quoiqu’il arrive), aujourd’hui, elles sont très difficiles à obtenir. Fort de mes 28 heures accomplies, c’est sans complexe donc que je demande à cette directrice de production de me faire deux journées de 10 heures. J’ai l’impression d’avoir dit une énorme connerie. La réponse ne se fait pas attendre : impossible !

Sébastien Gendron