lundi 15 octobre 2007

Rippeur de rien

On est heureux dans les métiers du spectacle? Faut voir...

En temps normal, je suis 1er assistant mise en scène, mais cette année-là, je n’ai pas fait mes 507 heures et je suis prêt à bouffer à tous les râteliers. J’accepte donc un boulot de deux jours comme rippeur (les déménageurs du cinéma) sur le tournage d’une série. Ce n’est pas une partie de plaisir, en deux jours, nous avoisinons les 28 heures de travail, à descendre des éléments de décors d’un deuxième étages aux camions que nous stationnons à la sauvage dans la rue en contrebas. Après quoi, il faut aller rendre ces mobiliers à droite et à gauche dans Paris, puis de revenir à l’appartement pour tout remettre au propre. A la fin du deuxième jour, je passe au bureau rencontrer la directrice de production qui doit me faire signer mon contrat (oui, dans ce milieu souvent très à gauche, les gabegies du genre sont légions : on signe son contrat à la fin du tournage, ce qui nous rend remerciable à volonté). Chez les rippeurs, les heures sup’ sont rarement comptées. Depuis la modification des statuts des intermittents du spectacle, les productions vivent sous la soit disante menace de contrôles. Parmi les restrictions qu’elles imposent désormais à leurs employés figurent les journées de 10 heures. Complaisamment données avant (quand on sait que dans nos métiers ces dix heures sont faites quoiqu’il arrive), aujourd’hui, elles sont très difficiles à obtenir. Fort de mes 28 heures accomplies, c’est sans complexe donc que je demande à cette directrice de production de me faire deux journées de 10 heures. J’ai l’impression d’avoir dit une énorme connerie. La réponse ne se fait pas attendre : impossible !

Sébastien Gendron

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